Posté par
Flora
Rencontre avec Hugues Mircher, auteur de » L’Eglise catholique en procès «
Pouvez-vous en quelques mots introduire votre ouvrage ?
Ce petit livre exploite, en les abrégeant, les résultats des travaux d’historiens, surtout J.Dumont. Se faisant en quelque sorte leur écho, il rétablit la vérité sur quatre épisodes de l’histoire de l’Eglise, au sujet desquels abondent les questions posées aux catholiques toujours actuellement et qui révèlent beaucoup d’ignorance et quelquefois de la mauvaise foi. Il s’agit donc d’un choix qui a porté sur l’évangélisation et la colonisation de l’Amérique latine, les guerres de religion en France pendant la Renaissance, les inquisitions, dont l’affaire Galilée, enfin l’Eglise comme héritière supposée du Bas-Empire romain.
Votre ouvrage s’apparente-t-il à un roman, un essai, un traité ?
Rien de tout cela, c’est un plaidoyer, comme en prononce un avocat. Dans le domaine de l’histoire des religions, il relève plutôt du genre apologétique. La référence la plus ancienne est celle des apologistes chrétiens qui comme Justin, philosophe et martyr, cherchaient à éclairer le jugement des empereurs sur leurs sujets chrétiens.
Ceux-ci, ultra-minoritaires, et pratiquant une religion non licite -au contraire des Juifs- pratiquaient leur culte en secret, ce qui favorisait la naissance et la diffusion de rumeurs défavorables à leur sujet, par exemple adorateurs du soleil (culte au lever du soleil, symbole du Christ ressuscitant) cannibalisme (repas eucharistique du pain et du vin, comme corps et sang du Christ crucifié).
Pourquoi vous intéressez-vous particulièrement au thème de la religion ?
Plus précisément, ici, le thème relève de l’histoire de la religion catholique. Et moi-même suis catholique pratiquant et passionné d’histoire. D’où mon intérêt qui a été récompensé par la découverte de réalités historiques que j’ignorais ou méconnaissais sérieusement.. Aussi, par respect pour nos anciens, je préférais ne pas répondre sur certains points où les vérités établies semblaient admises même par d’autres catholiques et imprègnent toujours les mentalités de nos contemporains.
Quel message cherchez-vous à transmettre dans votre écrit ?
Compte tenu de l’enracinement parfois profond des fausses images et idées dans les mentalités de nos contemporains, je voudrais au minimum instiller le doute dans l’esprit du lecteur au sujet de ses « idées reçues » et au mieux le convaincre de la véracité des tenants et aboutissants des conclusions livrées par les historiens auxquels je me réfère. .
Je me conforme aussi à l’honnêteté d’un Mr Dumont, qui ne cache pas les aspects odieux de la conduite de certains catholiques, comme dans l’affaire de la St Barthélémy, mais qui nous découvre les multiples massacres de catholiques dans les années précédant cet événement, expliquant par la peur les réactions postérieures contre les calvinistes.
En somme, comme la justice l’exige : «….La vérité, toute la vérité, rien que la vérité….»
Défendez-vous des valeurs religieuses ?
Bien entendu, et il s’agit d’abord de tout ce qui découle ou se rattache à la foi au Christ, crucifié et ressuscité pour le salut de tous les hommes et femmes constituant l’humanité. Pour en revenir à mon ouvrage, le chapitre sur les inquisitions montre un souci de défense de la valeur humaine de la vie dans la lutte contre le catharisme, avatar languedocien du manichéisme, qui en haine de la matière, opposée à l’esprit, poussait les femmes enceintes à avorter.
Cherchez-vous à réhabiliter la place de la religion avec votre écrit ou, au contraire, à la vilipender ?
Tout ce qui précède cherche à présenter mon livre comme une opération « vérité » sur des épisodes de l’histoire de l’Eglise catholique, matière à controverses. On peut donc parler effectivement de réhabilitation, compte tenu de ce qui se dit encore maintenant, et peut-être de façon plus ouvertement hostile qu’il y a cinquante ans. A l’échelle mondiale en effet, des attaques physiques contre les chrétiens et en premier lieu contre les catholiques se multiplient dans des pays de plus en plus nombreux. Ce n’est pas nouveau évidemment. Et elles sont toujours précédées de rumeurs calomnieuses qui créent les conditions de ces persécutions, mais qui sont souvent matériellement intéressées : pillages, confiscations de biens…..
D’une façon générale, la religion, comme une relation avec une transcendance immatérielle, est une attitude qui, bien conçue et guidée, ne peut que grandir l’homme en l’amenant à se dépasser et à s’élever au-dessus de la matière. Si les hommes le veulent vraiment.
Un dernier mot pour vos lecteurs ?
C’est pourquoi je suggère au lecteur -toujours dans mon avant-propos- de commencer par lire le texte une première fois sans avoir recours aux notes bibliographiques et de faire le point sur ce qu’il lui apporte de connaissances nouvelles et dans quelle mesure cela change son regard sur l’histoire ainsi vue sous une lumière inattendue.
En ce qui me concerne personnellement, le travail que j’ai réalisé fut très instructif……et réconfortant, quant à la fermeté de la foi et du courage à la vivre, et parfois à en mourir, de nos ancêtres. Ils ont ainsi assuré, pour leur part, la continuité des générations de croyants jusqu’à ce que nous recevions nous-mêmes ce don de la foi.