Posté par
Guillaume
Rencontre avec Sylvie Ferrando, auteure de “Les Nouveaux Mondes, Livre I”
Dans quelle région habitez-vous en France ? Sinon, dans quel autre pays ?
J’habite à Paris.
Présentez-nous votre ouvrage.
« Les Nouveaux Mondes » est mon cinquième roman. Il s’agit de l’histoire d’une famille française sur deux générations, racontée à travers la figure de trois femmes, Marie, la mère, Mathilde, la fille, et Elsa, la petite-fille. C’est l’histoire de trois femmes, de leur évolution sociale, de leur libération progressive, de la mise à nu de leur identité. Ce premier livre du roman, qui en comporte trois, porte sur Marie, jeune mère, et Mathilde, enfant puis adolescente.
Dans les premières pages du roman ces deux femmes sont définies par leur milieu social, familial, affectif, géographique. Parmi les lieux qu’elles occupent il y a principalement Paris et Aneuil, un charmant village de la côte normande. Cinq chapitres (sur dix) du roman portent sur Aneuil et sa région, et aussi sur le microcosme des vacanciers parisiens qui ont une résidence secondaire sur ce pan du littoral normand et dans son arrière-pays. C’est comme un petit traité de sociologie romancé de leur mode de vie estival. J’ai beaucoup de tendresse pour cette région, où Marcel Proust a placé le Balbec du deuxième volume de « A la recherche du temps perdu : A l’ombre des jeunes filles en fleurs ».
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
C’est une chronique sur le temps qui passe, j’ai voulu fixer des moments heureux de l’enfance et de la jeunesse, qui m’apparaissent aujourd’hui à la fois proches et lointains. D’où le sous-titre de ce livre I : chronique de la vie antérieure – les années du bonheur.
J’ai voulu aussi donner une importance d’une part à l’art, à la peinture et à la littérature, et d’autre part à la recherche scientifique. Ces deux milieux sont en germe dans le livre I.
À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
A celle ou celui qui aime les sagas familiales, les histoires de gens à priori heureux, nantis, et qui vont, comme tous les autres, connaître des difficultés. Amour, enjeux de pouvoir, rivalités, puissance, départs et vie à l’étranger, expatriation, passion des études, du travail, de l’art et de la littérature, tels sont les leviers et les éléments de ce récit.
Le cousin avec lequel Mathilde commence à vivre, on peut le prédire, une passion, se réjouissant de la présence l’un de l’autre pendant leur adolescence, on se prend à imaginer son avenir et celui de Mathilde : que deviendront-ils ces deux-là qui partent avec tant d’atouts ? Pourtant, la plénitude totale n’existe pas ni dans la vie ni dans les romans et on suspecte par la suite, dans les Livres II et III, des difficultés.
Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
N’est-il pas étonnant de faire un roman sur les heureux du monde, à la manière d’Édith Wharton ? Assurément, ce n’est pas un roman sur la béatitude. Même chez les gens supposés heureux, il y a des tensions, des problématiques, des secrets, des ombres. Mathilde grandira et la figure de la mère s’effritera : voilà la première ombre au tableau. D’autres suivront. Au milieu des plaisirs, les lectures, le tennis, les vacances, les bains de mer, l’amitié d’un cousin pour sa cousine, d’autres ombres apparaissent : l’alcoolisme de Lucie, la passion addictive d’Amélie pour la danse…
Il n’y a pas d’existence linéaire.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Je connais bien Paris, où je suis née, où je vis, et Aneuil, où je passe une partie de mes vacances depuis une quarantaine d’années et où nous avons une maison de famille. Le roman s’inspire de cette expérience et de ces souvenirs. Les personnages qui forment les membres de la famille Chasseneuil et les amis de Marie (le groupe d’Aneuil en particulier) ont été créés à partir de cette expérience et de ma propre famille, avec beaucoup beaucoup de transpositions. Les autres sources d’inspiration sont livresques, et c’est au lecteur de les découvrir.
Ainsi, la figure de Marie, qui sous-tend l’ensemble du livre I, qui est source de lumière, de joie pour ses enfants et sa famille, avec beaucoup de convention, certes, mais de l’amour assurément, est vue à travers l’œil de Mathilde. Faire comme les autres, papoter sur la plage avec ses amies, faire preuve d’une ambition un peu sclérosante, voilà ce que Mathilde qui grandit constate à propos de sa mère, avec l’envie d’aller prendre un peu d’air ailleurs.
Voilà pourquoi elle est si attirée par la figure de son cousin, dont elle pressent qu’il aura une destinée particulière, un destin exceptionnel, qu’elle admire et envie. Elle n’est pas encore libre, mais en voie de le devenir.
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Je suis en train d’écrire le livre III du roman, qui porte sur le personnage d’Elsa, jeune femme très moderne et très libre à l’heure de la mondialisation, d’Internet et des réseaux sociaux ; le livre II, qui porte sur celui de Mathilde à l’âge adulte, est quasiment terminé.
J’envisage ensuite d’écrire un thriller, sorte de roman de politique-fiction qui prendra place dans quatre pôles stratégiques de la planète, à Washington, à Paris, à Tel Aviv et à Londres. L’expatriation, dans toute l’ambiguïté sémantique du terme et la richesse du concept, est un sujet qui continue à me passionner. Je m’intéresse ainsi peu à peu à des problématiques de géopolitique, je m’instruis tout en me distrayant.
Un dernier mot pour les lecteurs ?
Lire, lire, et lire encore !
Eléments de biographie : Sylvie Ferrando a vécu à Londres et à Washington et habite Paris. Elle écrit de la fiction (romans, nouvelles, théâtre) depuis une vingtaine d’années. « Les Nouveaux Mondes » est son cinquième roman.