Posté par
Flora
Rencontre avec Pierre Loran, auteur de « Les mal-aimés »
Présentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
C’est l’histoire d’amour de deux garçons, empruntée à la légende de Tristan et Iseult et à la version cinématographique qu’en ont donnée, en 43, Delannoy et Cocteau avec le film « L’éternel retour ». Une version librement transposée à notre époque et à ma façon.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Par plaisir de raconter une belle histoire d’amour. Une histoire d’amour, qui plus est, entre deux garçons. On a si peu l’occasion d’en trouver dans notre littérature actuelle. Seuls, peut-être, Philippe Besson et Christophe Honoré, qui occupent une place sur la scène littéraire, nous en ont offert une ou deux. Je pense aussi à Stéphane Giusti et à Christian Faure pour le cinéma. C’est peu pour faire rêver les gays qui fantasment le plus souvent sur les histoires d’amour des hétéros.
A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Pas uniquement à des lecteurs gays mais à tous ceux qui aiment se laisser porter par le charme d’une histoire romantique et où s’expriment aussi les passions les plus exacerbées.
Quelles sont les principales qualités de votre livre ?
Difficile pour un auteur, j’imagine, de répondre à cette question. Il me semble que c’est aux lecteurs et aux critiques d’en juger. Pour moi, je dirais, s’il en est une, c’est celle, comme il y va de la poésie, de contribuer à alimenter les imaginations.
Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
A priori aucun. Mais, à la seconde lecture de mon histoire, il m’est apparu, à travers l’énergie déployée par le vieux serviteur à poursuivre de sa haine les deux jeunes amants, qu’elle pouvait bien contenir un symbole : celui de l’aversion toujours présente ou sous-jacente dans nos sociétés pour les homosexuels. Cette haine que l’on dit viscérale et qui est souvent, en fait, le produit de nombreuses frustrations. On cherche alors, et on trouve toujours, le bouc émissaire pour les soulager, les exorciser ou les conjurer. Un peu comme les enfants que l’on sacrifiait jadis à Moloch – en témoigne le nombre de suicides de jeunes gens que cette haine engendre. A partir de là, j’ai eu l’idée d’intituler mon roman « Les mal-aimés » ; expression que j’ai empruntée aux paroles de la chanson « Nous les amoureux » de Maurice Vidalin, magnifiquement interprétée par Jean-Claude Pascal. Chanson qui, pour la petite histoire, a remporté le prix de l’Eurovision en 61 et « qui dénonçait – sans que le grand public ne s’en doute – la répression des amours homosexuelles et prédisait une évolution prochaine des esprits à leur égard : « mais l’heure va sonner des nuits moins difficiles et je pourrai t’aimer sans qu’on en parle en ville ».
Où puisez-vous votre inspiration ?
Pour ce roman, comme je l’ai précisé plus haut, elle m’a été suggérée par le grand effet qu’à produit sur moi, la première fois que je l’ai vu (et qu’il produit encore quand il m’arrive de le visionner), le film « L’éternel retour » ; par la beauté à couper le souffle de Jean Marais et ses larmes, lorsqu’il pleure, dans l’appel désespéré en forme de chant d’oiseau qu’il lui adresse – et qu’elle ne peut pas ne pas reconnaître -, sur ce qu’il imagine être la trahison de Nathalie.
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
J’ai dans mes tiroirs un recueil de nouvelles, un polar et trois romans, dont l’un est en cours de relecture finale. Il y est question d’amour, bien sûr, ce thème éternel, inépuisable et universellement prisé.
Un dernier mot pour les lecteurs ?
Pour ceux qui auront lu mon livre, tout d’abord merci. Ensuite, je les invite à m’en adresser l’éloge ou les critiques. Tous deux seront les bienvenus pour aider à apporter un peu plus de qualité à ma plume.