Posté par
Flora
Rencontre avec Benoît-Luc Simard, auteur de » Ce que tu vois «
Pouvez-vous introduire, en quelques mots, Ce que tu vois ?
C’est un livre de guérison intérieure qui amène par la même occasion la guérison du corps. Il parle d’un homme qui cherche à comprendre sa vie en se rappelant ce qu’il a fait et en regardant où il est rendu.
A qui précisément renvoie le pronom « tu » du titre, à un personnage ?
Le « tu » est l’élément qui nous révèle à nous-même car nous n’existons que par le regard des autres. En 2009, j’ai écrit la chanson Ce que tu vois et le roman est en quelque sorte l’élaboration de cette chanson. Cette chanson dit : « Moi, je ne suis pas ce que tu vois, je ne suis pas ce que tu crois, je n’suis qu’un ptit gars qui court dans le bois, je cherche la voie pour rentrer chez moi ». C’est le sentiment profond qui anime le personnage de mon roman. Il court, il court, il cherche dans différentes directions pour se rendre compte qu’il n’a pas grandi, qu’il n’était pas capable de grandir et qu’il n’existait que pour les autres, ses parents, sa blonde, la société. Je ne parle pas d’altruisme qui est une très belle et importante qualité. Il fait les choses parce qu’on lui demande ou parce qu’il faut bien faire quelque chose. Il s’invente des raisons mais en fait il fuit pour ne pas se regarder en face et accomplir sa destinée.
Le héros de votre roman cherche sa voie. Racontez-nous le périple qui le mène à la trouver ?
En fait, il y a plusieurs dimensions à cette recherche. D’abord un aspect plus intellectuel. Il fait des recherches documentaires et des études supérieures en sciences humaines pour y arriver. Il y a ensuite la dimension plus subtile. Il vit des expériences qui lui prouvent qu’il existe véritablement un monde autre que matériel. Il fera un passage dans la drogue mais paradoxalement c’est sa séparation avec sa femme qui l’amènera à constater, une première fois, qu’il peut toucher à ce monde subtil. Il vivra dans ce monde plus ou moins mystique (mais non religieux au sens que les organisations religieuses lui donne) quelques années mais cet univers le plonge dans l’insécurité. C’est alors qu’il décide de retourner sur les bancs d’école pour comprendre les phénomènes qu’il a vécus. C’est du moins l’excuse qu’il se donne pour s’éloigner du monde spirituel. Mais cette démarche intellectuelle ne le satisfait pas et il ne comprend pas pourquoi. Après son doctorat et le décès de sa mère pour qui il éprouve beaucoup d’affection, les fantômes du passé viennent le hanter. Il faut qu’il affronte ses ombres intérieures afin de découvrir ce qui l’empêche de trouver cette voie qu’il cherche tant et que peut-être au fond il connaissait déjà.
Cette quête du « sens de la vie » est-elle difficile ?
Eh bien, je dirais que toute la difficulté que vit le personnage c’est de se rendre compte que sa quête était fausse dès le départ. Il cherche à comprendre le monde alors, qu’en réalité, il a besoin de savoir qui il est. Et c’est là sa véritable quête. Mais il n’est pas capable de se fier aux autres comme à un psychologue ou un gourou pour l’aider. Il persistera en se forgeant sa propre méthode de guérison intérieure qui mélange méditation et Thérapie par polarité.
L’intrigue de votre ouvrage contient-elle une part autobiographique ?
Bien sûr, c’est entièrement moi mais sous une forme romanesque. Les faits ont eu lieu mais je les raconte de l’intérieur sans me demander si ma perception des événements est exacte. Ce qui m’intéresse c’est le sens que l’on donne à ces événements et je me dis que ce sens, qui est le mien, doit avoir des similitudes avec celui que les autres humains leur donnent. Mon objectif est d’aider les autres à se comprendre et en même temps ça me fait penser à une idée de Richard Bach dans son livre «Illusions », si je me souviens bien, et qui dit que l’on enseigne bien ce que l’on a besoin d’apprendre.
Quel regard portez-vous sur ce personnage principal en recherche de sens : pathétique, humoristique, ni l’un ni l’autre ?
Est-ce pathétique de comprendre après 50 ans que l’on ne cherchait pas au bon endroit ? Probablement, mais mon personnage est surtout sincère. Il raconte des choses drôles et d’autres moins drôles mais toujours dans le but de comprendre comment fonctionne le monde dans lequel il a l’impression de se noyer. Je crois qu’il a le sens de l’humour mais qu’il n’est pas un comique.
Un dernier mot pour vos lecteurs ?
Au point de départ, ce livre était un lieu d’analyse. Je me demandais pourquoi ma vie n’était pas plus extraordinaire que ça alors que j’avais cumulé au cours des années une expertise et un vécu qui auraient normalement fait de moi un être éveillé et spirituellement avancé. Je me retrouvais coincé comme n’importe quelle autre personne dans un quotidien ennuyeux. J’ai toujours traîné avec moi un côté dépressif que je cachais bien et tout à coup ça m’a semblé extrêmement lourd. Alors, j’ai commencé à écrire pour comprendre ce qui se passait en moi. Toutes les connaissances que j’avais acquises ne servait-elle à rien ? J’ai trouvé les raisons qui faisaient de moi un enfant apeuré dans un corps d’homme et à la fin de ce long processus d’analyse j’ai été en mesure d’accepter que ce que j’aime le plus au monde c’est l’écriture sous diverses formes que ce soit le roman, la chanson, les conférences qui sont toujours le résultat d’un travail d’écriture, etc. Puis, je me suis demandé si je devais publier le tout. On voit aujourd’hui la réponse. Le prochain roman est en route. Cette fois, il ne porte pas sur ma vie mais reprend les thèmes fondamentaux qui préoccupent tout le monde : le bonheur et la recherche de sens.