Rencontre avec...

21 septembre 2011
Posté par
AA Victoria

Rencontre avec… Didier Clavien

 

Didier Clavien, Demain nous reverra est votre dernier et troisième ouvrage publié chez Edilivre.  Pouvez-vous nous plonger dans l’intrigue en quelques mots ? Je ne pense pas que la poésie soit une intrigue, mais un mystérieux désir de se plonger dans l’invisible et l’insondable. Ce sont mes peintures numériques liées à leurs textes qui pour moi, relèvent de l’intrigue. Écrire sur les thématiques de mes dessins ne m’était jamais arrivé. Franz Peter Schubert passait sa vie à composer sans même pouvoir se louer un piano pour le faire. Dans sa pauvreté, la musique ressentie dans son âme circulait via sa tête pour rejoindre les portées alignées sur ses feuilles. L’homme composait tellement qu’il lui arrivait d’oublier ses propres œuvres. Parfois il entendait sa musique sans la reconnaître. Il s’exprimait alors  » comme c’est beau  » et à ses amis de lui répondre,  » mais c’est la tienne !  »  Avec les lendemains, elle revenait à lui sans qu’il s’y attende le moins du monde, comme une récompense.

Demain nous reverra est né d’un état de pauvreté et d’un sentiment d’impuissance subit par bien des personnes sur cette terre. Entre parenthèses, la première personne utilisée ne me désigne pas forcément. Ce sentiment pétri par la nostalgie d’une main, et par le besoin d’aller de l’avant de l’autre, s’est épanoui dans le sens positif. Même si aujourd’hui nous lâche, et que l’on pense que tout est fini, demain ne sera pas pareil, mais meilleur. Il nous attend sous n’importe quelle forme inattendue et nous reverra avec l’envie d’exister à part entière. Il suffit de croire que cela est aussi inscrit en nous. Demain nous reverra, c’est une envie de vivre mieux l’intensité du temps qui passe si vite.

De manière générale, puisez-vous plus vos histoires dans votre imagination ou selon votre vécu personnel ? Mon imagination et mon vécu sont aussi grands qu’un grain de moutarde. J’essaie simplement de faire grandir en moi le mot sacré : POSSIBLE. Je désire que le feu de ce mot réduise en cendres mes doutes les plus pénalisants.

L’inspiration me fait voyager dans des régions de clarté ou ténébreuses. Je vis comme tout le monde dans la folie collective qui se mord la queue en voulant s’accaparer  l’amour au lieu de se laisser aimer. Mais comme tout est possible, je pense que l’équilibre naîtra de la fusion entre les ténèbres et l’amour. C’est là que je puise.

Selon vous, faut-il vraiment avoir vécu des évènements pour pouvoir les conter avec justesse ? Répondre catégoriquement oui, serait à mon sens, faire parler mon ego. Il est clair que l’on n’a pas la même vision du centre que de la circonférence. Où est la vraie justesse ? Un homme est-il capable de raconter sa soif avec plus de justesse que par la seule demande d’un verre d’eau ? Cette situation peut-être racontée différemment par une personne qui n’a pas soif. C’est aussi cela l’écrivain. Par ailleurs,  quelle justesse un lecteur a-t-il envie ou besoin qu’on lui avoue, et avec quels mots ? Je crois que c’est plutôt la sincérité de l’élan avec lequel on se met à la tâche qui peut communiquer l’émotion. Le riche n’est pas nécessairement celui qui parle le mieux de la richesse.

Si vous deviez être exilé sur une île et que vous ne pouviez emporter avec vous qu’un seul livre. Lequel choisiriez-vous ? Un livre aux pages blanches, et je laisserais le vent, les étoiles le soleil et même la pluie tanner et dissoudre le cuir de sa précieuse couverture.

L’art de l’écriture est-il selon vous à la portée de tous ? Selon moi, le Génie seul, possède l’art d’écrire. D’ailleurs, l’art tout court. À travers les millénaires beaucoup ont baigné dans la diffusion de son inspiration. Heureusement, pour nous. Par contre, je crois qu’il est possible à tout humain d’écrire un livre dans sa vie. Regardez, même moi je l’ai fait. Avec cette question importante, à mes yeux, le désir que cela se concrétise et que chacun lise celui de l’autre fait frissonner mon corps.

A quel auteur rêveriez-vous  être comparé ? Ouah ! Sans aucune hésitation, une femme, la plus grande. Mais qui est la plus grande ? Je crois que c’est la femme qui met au monde un bébé, c’est la plus belle histoire que je connaisse, elle est le poème incarné. La sensibilité d’une femme dépasse de loin celle de l’homme qui aime trop que l’on parle de lui. Même s’il y a de grands hommes, aucune de leurs vibrations n’est comparable à l’électricité magique émise par celles qui sont, peut-être, le devenir de l’homme. Non, je ne peux  vraiment pas répondre à cette question en citant un nom, c’est aux autres de la faire cette comparaison, si cela leur vient à l’esprit.

Bientôt un quatrième livre publié chez Edilivre ? Je ne sais jamais si je vais être publié. J’ai en chantier un roman que je pense terminer pour l’an prochain. Des contes et d’autres projets comme la musique qui par ailleurs peut-être écoutée et téléchargée gratuitement sur mon blog. Pour chacun de mes livres, j’ai composé une musique. J’ai envie d’exposer mes peintures, mes photos. J’ai écrit quatre livres en l’espace d’un an et demi. Tous ont été publiés, dont trois chez Edilvre. Merci à Dieu. Mais j’ai besoin de prendre un peu de recul. Oui, d’autres livres suivront, enfin, je l’espère car tout est possible.