Autour du livre

5 mars 2013
Posté par
Flora

Quand Hitler devient « héros » littéraire

Paru en 2012, l’ouvrage Il est de retour, qui met au centre de ses préoccupations, la réapparition au pouvoir du Führer, est arrivé numéro 1 des ventes à la foire du Livre de Francfort, s’imposant comme un nouveau « best-seller ».

Minimisation des faits ou satire ?
Timur_Vermes_EdilivreL’un des plus grands dictateurs de l’Histoire mondiale s’inscrit comme le personnage central de Il est de retour, réveillant inquiétudes et traumatismes. Que se cache-t-il derrière le projet de Timur Vermes, journaliste germanique, à l’origine de cet ouvrage? Cette montée littéraire serait-elle due au 80ème anniversaire de l’arrivée au pouvoir de notre homme ? Si parler d’une figure aussi angoissante se révèle un lourd fardeau, Timur Vermes ne s’est pas embarrassé de cette préoccupation, signant de sa plume acide, un ouvrage grinçant dans lequel il imagine le « come-back » du Führer.

L’action de son récit se déroule en 2011. A près son suicide, Hitler se retrouve parachuté au 21ème siècle, découvrant Youtube, Facebook et autres réseaux sociaux. Il devient même la star d’une émission de télé-réalité, découvrant, non sans stupeur, l’Allemagne contemporaine, gouvernée par une femme. Une malédiction semble surplomber cette histoire déjà peu attrayante : ce roman est vendu 19,33 euros, chiffre qui correspond à l’année-même du putsch d’Hitler. Cet ouvrage comique, accusé de banaliser le nazisme, est considéré comme « de mauvais goût » par ses pairs. Peut-on en effet rire à partir de sujets aussi graves, qui ont bouleversé l’Histoire ?

Hitler inspire la littérature
Timur Vermes ne semble pas l’unique prosateur à s’intéresser à Hitler. Eric-Emmanuel Schmitt lui avait déjà consacré avec La Part de l’autre, paru en 2001, une biographie romancée. Son ouvrage cherchait à imaginer quel aurait été le parcours de l’un plus sombres dictateurs de l’Histoire s’il n’avait pas été recalé à l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne. Ce récit angoissant examine une double personnalité possible d’Adolf Hitler, à travers les personnages de Adolf H. qui intègre l’Ecole des Beaux-Arts et rencontre le Professeur Freud, père de la psychanalyse (héros d’une pièce de théâtre de Schmitt, Le Visiteur !) et le véritable Adolf Hitler, candidat malheureux à l’entrée de cette même école.
La_Part_de_l'autre_Edilivre
Eric Emmanuel Schmitt veut démontrer que le monde aurait pu être tout autre et que chacun de nous renferme un Hitler en puissance. Sous un angle stylistique tout à fait différent, François de Saintonge vient de faire paraître chez Grasset, Dolfi et Marilyn, fable douteuse mettant en scène des clones de l’actrice et du tyran. Enfin, Mein kampf, « roman des origines », interdit en Allemagne mais vendu en France, propose à la fois un récit autobiographique et un manifeste politique, rédigé alors que son auteur était en prison.

Pensez-vous que l’on puisse trouver l’inspiration avec de tels sujets ?