Posté par
AA Victoria
Les Français, lecteurs en berne, écrivains assidus ?
D’après des études récentes, les habitants de l’Hexagone feraient des infidélités aux livres tout en badinant assidûment avec la plume.
Quelques chiffres concernant les lettres
Les Français rédigeraient plus qu’ils ne lisent selon un sondage, réalisé par le site Bookseller.com. Sur environ 1 000 personnes interrogées récemment, 17 % d’entre elles répondent avoir composé un manuscrit récemment. Cela peut être aussi bien un roman, qu’une nouvelle, ou de la poésie.
Cette coutume rédactionnelle semble avant tout féminine, 19 % des femmes interrogées ayant déjà pris la plume contre seulement 15 % des hommes. Les jeunes pratiquent aussi allègrement l’écriture puisque 28 % des 15-28 ans écrivent régulièrement. Ce pourcentage diminue considérablement avec l’âge. La tranche des 35-50 ans présente seulement 10 % d’« écrivants ». Cet âge de la vie professionnelle, souvent lié à des occupations familiales et professionnelles denses, laisserait peu de répit pour l’écriture. Ces usages ne s’avèrent pourtant pas toujours très démocratiques. Parmi les individus interrogés, les CSP+ (Catégories Socio-Professionnelles Supérieures, soit les chefs d’entreprise, les commerçants, les cadres) représentent près de 25% des rédacteurs contre seulement 11 % d’ouvriers (même sondage que dans les classes préparatoires françaises).
Pratiques de lecture à la loupe
Près de la moitié des Français lisent plus de 5 ouvrages par an et cette activité demeure, à leurs yeux, l’activité culturelle la plus précieuse. Elle s’impose comme la concurrente principale des visites de musées et de la fréquentation des salles de théâtre et de cinéma.
Toutefois, les hexagonaux lisent de moins en moins. En l’espace de 2 ans, ils auraient perdu une demi-heure de lecture quotidienne ! Le nombre de lecteurs assidus (plus de 2 heures par jour, en-dehors du temps professionnel) baisse significativement. Ces lecteurs » récalcitrants » affichent clairement leurs critères livresques : le titre, l’auteur et les critiques diverses et variées les aiguisent dans le choix d’un ouvrage.
L’ensemble de la population française porte un regard positif sur la littérature actuelle dans son ensemble, et pense que les auteurs contemporains présentent de multiples talents.
Ils expriment cependant une crainte, dans un avenir proche, de la disparition totale du livre papier au profit du livre numérique. Dans son essai En lisant en écrivant, publié en 1980, le romancier et critique Julien Gracq examine déjà les rapports entre écriture et lecture, à travers la mise en scène d’un prosateur qui, comme l’indique le titre de l’oeuvre, effectue ces deux activités littéraires simultanément. Retenons cette phrase typiquement gracquienne, de En lisant en écrivant, qui permet une meilleure appréhension du livre : « A chaque instant, la lecture est nourrie de ce qui a déjà été lu ».
Ecrivez-vous et lisez-vous régulièrement ?