Tous les 2e mercredi du mois
Les codes du théâtre comique
Il y a des bruits de couloir qui courent comme quoi vous auriez envie d’écrire une pièce de théâtre, et comique avec ça ! mais que vous ne sauriez pas comment vous y prendre. Comme nos oreilles sont toujours à l’affût quant à connaître vos desiderata, on va donc faire ce qu’il faut pour que vous puissiez y parvenir.
On ne va pas vous expliquer qu’une pièce théâtre comique est avant tout écrite pour divertir le lecteur/public, c’est bien là le B.A.-BA, n’est-ce pas ? Ainsi, elle devra le mener à rire de situations qui s’enchaînent. Mais comment ?
Tout d’abord, il vous faudra donner des indications sur le lieu, la période, le décor en vous aidant de ce que l’on appelle les didascalies – vous savez ces petites parenthèses insérées dans le texte, telles que : « GEORGES (il ouvre la porte et sort) » – afin que les futurs acteurs et metteurs en scène ne restent pas les bras ballants à se demander ce qu’ils ont à faire ou à mettre en place, et que lecteur puisse un tantinet s’imaginer la scène. Car, vous serez d’accord avec nous, vous n’êtes pas en train d’écrire un roman, donc il vous sera impossible de vous appesantir sur les détails.
Bien entendu, comme pour n’importe quelle histoire, en plus de la situer dans le temps et dans l’espace, vous devrez travailler les personnages avec beaucoup d’assiduité. En effet, leur donner des traits de caractère bien explicites vous aidera par la suite à créer des situations.
Ensuite, il va falloir faire travailler votre imagination pour créer LE coup de théâtre qui donnera le la à votre pièce, ce qu’on appellera l’élément déclencheur. Par exemple, le mari entre du travail et trouve un homme dans son salon.
Puis, après de multiples péripéties, arrive le dénouement. N’oubliez pas que l’on est dans un contexte comique, donc restez dans le ton et évitez une fin tragique !
La pièce sera divisée en actes qui eux-mêmes le seront en scènes. Et là, vos indispensables didascalies vont de nouveau vous aider à poser le décor, les personnages présents (pourquoi pas en détaillant la tenue si celle-ci est pour le moins cocasse, tel l’amant en caleçon au milieu du salon par exemple). Rappelez-vous que vous avez décidé d’écrire une pièce de théâtre comique, donc, il y aura plusieurs façons de l’aborder, et c’est ce que l’on va voir.
Quand ? Ben, maintenant, voyons !
Le comique de situation :
Il prendra forme dans des situations drôles, voire burlesques, où les quiproquos, les rebondissements font rage. Par exemple, l’amant qui devra trouver une explication quant à sa présence en caleçon dans le salon alors qu’il s’était présenté peu de temps auparavant en tant que plombier.
Le comique de gestes
Là, ce seront les mimiques, le ton de la voix, les positions du corps, les poursuites… qui auront pour rôle de rendre la scène comique.
Ainsi, cet amant pris en flagrant délit par sa tenue quelque peu parlante sera-t-il peut-être en train de se protéger autant qu’il peut avec un coussin en tentant de trouver une explication probante, ou bien fuira-t-il tout simplement le mari furibond.
Bref, vous voyez le tableau !
Le comique de mots :
Jouez avec les mots, usez des hyperboles, des métaphores, des jeux de mots, des comparaisons…
Bref, c’est le moment de vous lâcher pour rendre cocasse une scène. Prenons un grand classique, L’Avare de Molière. Ben oui, il ne faut surtout pas bouder le plaisir de s’y replonger en relisant un court extrait ; par exemple, lorsque Harpagon, ce vieil avare, découvre que son argent a disparu :
Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait, je n’en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré.
Vous voyez, il ne faut surtout pas hésiter à exagérer dans les propos, c’est ce qui donne une note toute particulière au personnage, ce qui nous amène au dernier point, les traits de caractère…
Le comique de caractère
Pour accentuer le côté comique de la chose, rien de mieux que de grossir les traits de caractère de vos personnages, vices, défauts et autres.
Reprenons l’exemple de notre cher Harpagon : Molière, tout au long de la pièce, accentuera son avarice avérée par des mots, des gestes, des réactions exagérés.
On apprendra ainsi que sa richesse a bien plus d’importance que ses propres enfants.
Mais comment présenter la pièce ?
Pour éviter l’anarchie dans votre présentation, on va vous donner quelques petites règles pour bien structurer le texte. Au moins, le lecteur s’y retrouvera. Il ne faudrait pas le perdre en route, tout de même ! Et vous allez vous rendre compte par vous-même que ces didascalies dont on vous serine les oreilles sont d’une grande importance.
Acte I Scène 1
C’est le soir, la porte-fenêtre du salon est ouverte, Georges, en caleçon, est dos à la scène, il semble chercher quelque chose sous le canapé situé au milieu de la pièce.
GEORGES, il semble paniqué.
Mais où est donc passé mon pantalon ?
Bernard, vêtu d’un pardessus et d’un chapeau entre à ce moment-là, une mallette à la main.
BERNARD, surpris par la présence d’un homme dans son salon.
Qui est cet homme ? (En aparté) Monsieur, qui êtes-vous ? Et que faites-vous dans cette tenue si… légère dans mon salon ?
Enfin, vous pouvez remarquer que, contrairement à un roman, là, il vous faudra fortement travailler sur les dialogues, les personnages et imaginer votre scène pour visualiser le décor, ce, afin d’agrémenter vos didascalies au mieux et ainsi donner toutes les clés à votre lecteur et, plus tard, aux acteurs et metteurs en scène pour que votre pièce soit bien comprise de tous.
Alors, prêt à tenter l’expérience, cher auteur ?
Si vous souhaitez revenir sur une chronique de la semaine passée, cliquez ici !
Pour nous suivre sur nos réseaux :
Facebook : https://www.facebook.com/Editions.Edilivre
Instagram : https://www.instagram.com/editions_edilivre/