Autour du livre

27 décembre 2012
Posté par
Flora

Le piratage des e-books, malédiction ou bénédiction ?

En France, face à la révolution numérique, le secteur de l’édition a connu de nombreux changements. Suite au point effectué sur la mission Lescure le 6 décembre 2012, les inquiétudes à propos du téléchargement illégal des livres numériques furent relancées. Ce phénomène est l’objet de nombreux débats : pour certains c’est un problème conséquent, pour d’autres c’est un tremplin qui permet de se faire connaître.

Le piratage, une bête noire mondiale
Le piratage des e-books prit véritablement de l’ampleur lors de la sortie de l’iPad par Apple en avril 2010. Selon le cabinet d’étude Attributor, en mai 2010, un mois après la sortie de la tablette, le téléchargement d’œuvres piratées augmenta de 20 % sur les sites spécialisés. Toujours d’après cette société, en 2010, la demande quotidienne et mondiale en e-books piratés s’évalua entre 1,5 et 3 millions de requêtes. Malgré tout, l’Europe reste relativement épargnée par ce phénomène. La France est d’autant plus préservée grâce à des interventions régulières du gouvernement dans ce domaine avec notamment la mission Lescure dont l’objectif est de lutter contre le piratage et le système Hadopi qui tente d’enrayer la machine avec la mise en place d’un système d’amende graduelle. En France, 1 % des produits proposés sont concernés par ce phénomène. Des pays tels que les États-Unis ne connaissent pas une situation équivalente. Au sein de cette puissance économique, le téléchargement illégal augmente de 11 % par an alors qu’en Inde et au Mexique le taux croise de 5% par an. Actuellement, la problématique la plus conséquente est la multiplication des sites de taille restreinte qui proposent des livres numériques gratuitement. Face à ce système titanesque, la tâche des autorités est beaucoup plus ardue.

La lutte  s’organise contre la cyber-fraude
En février 2012, une action internationale fut menée contre deux sites qui offraient la possibilité aux internautes de télécharger de façon gratuite et anonyme près de 400 e-books en haute résolution. Avec la publicité, l’adhésion payante à des comptes Premium et les donations des internautes, les plateformes bénéficiaient d’environ 8 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.
L’Union Internationale des Éditeurs (UIE) soutenue par l’association des éditeurs et des libraires allemands Börsenverein entamèrent une action en justice contre ces acteurs illégaux. La fermeture de ces deux sites fut décidée. Le combat contre le piratage d’œuvres littéraires fait partie d’un long processus de défense des droits d’auteur. Le secrétaire général de l’IUE, Jens Bammel, souligne cette idée en déclarant « aujourd’hui, l’industrie internationale du livre a prouvé qu’elle comptait se soulever contre la criminalité en termes de droits d’auteur ». Le profil des pirates est très spécifique et hétéroclite. Il peut s’agir d’un internaute lambda mais aussi d’équipes très organisées telles que des bibliothèques et des milieux universitaires qui publient sur leurs sites des méthodes pour transférer des fichiers en tout facilitée.

Un sujet qui fait débat
D’après le journaliste et écrivain David Pogue, la véritable faiblesse du piratage est l’indisponibilité de certains ouvrages en version numérique tels que la saga La mémoire dans la peau de Jason Bourne. L’auteur a même associé ce phénomène à une fatalité. Cependant, tout le monde n’est pas en accord avec ce point de vue. Selon Steve Lieber, créateur de la bande dessinée White Out, l’existence des sites illégaux est une aubaine pour les auteurs anonymes et ils permettent également de dénicher des pépites littéraires. L’objectivité de l’illustrateur est à mettre en considération car il bénéficie d’une expérience concluante sur ce secteur. En effet, son œuvre fut mise en ligne sur un site de partage. Cette diffusion gratuite lui a permis de faire connaître son ouvrage qui rencontra par la suite un succès fulgurant. Il déclara notamment « je crois que quand un lecteur à la possibilité de lire quelques chapitres sur internet, cela peut l’inciter à acheter le livre plus tard ». De plus, une étude réalisée par l’observatoire du livre francilien cordonne ses propos car elle révèle que la plupart des cyber-pirates sont également des gros consommateurs de livres papiers. Selon vous, le téléchargement illégal peut-il être bénéfique pour l’ensemble des auteurs ? Quel est votre avis face à cette manœuvre qui prend de plus en plus d’ampleur?

Article écrit avec la participation de Camille