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Flora
Les écrivains fantômes, nègres littéraires
Ils travaillent dans l’ombre d’écrivains célèbres, ils sont pareils à des clandestins. Mais ce rôle d’écrivain fantôme n’est pas nouveau et il se perpétue depuis des siècles et des siècles déjà. Découvrez l’histoire de ces écrivains sans nom.
Depuis des siècle, une tradition
De nombreux auteurs, parmi les plus célèbres, firent appellent à des nègres pour les aider à rédiger leurs œuvres. Ce fut le cas par exemple de Molière ou Shakespeare. Le cas le plus célèbre reste néanmoins celui d’Alexandre Dumas, qui a travaillé pendant de nombreuses années avec Auguste Maquet, un historien. Dumas utilisait les recherches de Maquet comme point de départ pour ses romans. Cependant, de nombreux spécialistes ont noté que certaines parties des œuvres de Dumas n’étaient absolument pas retravaillées et laissées telles qu’elles avaient été pensées par l’historien. Sa collaboration a été très importante pour les Trois Mousquetaires ou le Comte de Monte-Cristo. Certains autres nègres de Dumas se sont plaints de son utilisation abusive de leurs textes, comme Eugène de Mirecourt. Maquet s’est finalement lui aussi retourné contre Alexandre Dumas lorsque celui-ci ne le payait plus. Il lui a réclamé des droits d’auteur devant un tribunal, mais contre la somme de 145 000 francs, il a renoncé à voir figurer son nom au côté de celui d’Alexandre Dumas sur les livres qu’ils avaient écrits ensemble.
On peut souligner qu’il arrive parfois que les nègres littéraires deviennent eux-mêmes des écrivains connus et reconnus. Ce fut notamment le cas d’Octave Mirbeau ou d’H. P. Lovecraft. Ce dernier, manquant cruellement d’argent, était contraint d’exercer la profession de nègre littéraire pour des auteurs moins talentueux mais plus riches que lui. Il pouvait rédiger leur manuscrit ou bien simplement apporter quelques modifications. Il donnait des conseils et des suggestions aux jeunes auteurs qu’il prenait sous son aile.
Les hommes politiques, pas forcément des hommes de lettre
Sous la Vème République, de nombreux hommes politiques utilisent des nègres littéraires pour rédiger leurs mémoires ou leurs discours. Georges Pompidou a notamment beaucoup écrit pour le général de Gaulle, qui définissait les nègres littéraires comme « des normaliens sachant écrire ». Il est étonnant de voir le général de Gaulle utiliser un nègre littéraire car il s’était lui-même retrouvé dans cette position face au maréchal Pétain. Chargé de rédiger une analyse sur l’avenir de la France et de son armée, de Gaulle a finalement publié le livre en son nom et se brouille à cette occasion avec le maréchal Pétain. A noter également qu’Erik Orsenna fut le nègre de François Mitterrand pendant plusieurs années
Des célébrités qui se « lancent » dans l’écriture
Aujourd’hui, les écrivains fantômes n’écrivent plus pour des auteurs en panne d’inspiration mais pour des célébrités qui n’ont pas de talent particulier et veulent écrire leur autobiographie. Auteurs de stars, ces nègres littéraires nouvelle génération doivent savoir se faire discret et garder secret leur profession. En effet, si certains avouent sans problème avoir recours à quelqu’un pour écrire leurs mémoires, d’autres ont bien plus de mal à l’accepter. Le site internet du magazine Le tigre a mené une enquête fouillée sur ce métier presque ordinaire, et l’on découvre que ces auteurs ne regrettent pas leur mode de vie. Ils estiment qu’écrire pour quelqu’un d’autre est un don que l’on fait, et ne se considèrent absolument pas comme des écrivains maudits.
Le débat porte aujourd’hui essentiellement sur l’utilisation du mot nègre, que beaucoup considèrent comme raciste et signe que l’esclavagisme laisse des traces dans nos sociétés actuelles. Il tend à être remplacer par la proposition nègre littéraire, ou bien par écrivain fantôme, à l’instar du personnage de « The Ghost Writer » dans le film de Roman Polanski sorti en 2010
Et vous, que pensez-vous des auteurs qui ont recours à des nègres littéraires ? Seriez-vous prêt à écrire pour quelqu’un d’autre pour de l’argent ?