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Flora
L’auteure de la semaine : Colette
Cette semaine, nous vous proposons de découvrir l’auteure : Colette.
Sidonie-Gabrielle Colette naît le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye, village de Bourgogne. Elle est la petite dernière d’une fratrie de quatre enfants, adorée de ses parents, Sidonie Landoy et Jules-Joseph Colette. Sa mère, « Sido », féministe et athée, enseigne à la jeune Colette l’art de l’observation et de la découverte. C’est d’ailleurs dès l’enfance que la future romancière dévore de grands classiques de la littérature et prend des leçons de français et de style.
Mais en raison des goûts de luxe de Sido, la famille Colette, ruinée, est contrainte de déménager pour une vie plus modeste à Châtillon-sur-Loing en 1891. Adolescente, Colette croise la route de Henry Gauthier-Villars, séducteur invétéré que l’on surnomme « Willy ». Colette devient sa femme à l’âge de 20 ans et le couple s’installe à Paris, au dernier étage de la maison d’édition familiale. Romancier populaire et critique musical très influent, Willy introduit Colette dans les cercles littéraires et musicaux de la capitale où l’accent rocailleux de sa Bourgogne natale la distingue du petit monde parisien.
Séduit par le talent d’écrivain de son épouse, Willy utilise Colette comme nègre littéraire et l’engage à écrire ses souvenirs d’école. Cela donne naissance au célèbre Claudine à l’école, qu’il fait publier de son seul nom, sans scrupule, comme il le fera d’ailleurs pour toutes les autres œuvres de la série des Claudine. Mais consciente de l’infidélité de Willy, Colette est consternée d’être recluse dans son rôle d’épouse ridiculisée et commence à s’affirmer en tant qu’auteure et surtout en tant que femme. En 1905, elle publie le premier livre sous son nom de Colette Willy, Dialogues de bêtes, et embrasse dans la foulée, une carrière au music-hall où elle présente des pantomimes orientales en tenue légère. Elle publie des ouvrages évoquant ces glorieuses années, comme La Vagabonde, L’Envers du music-hall ou encore En Tournée.
L’auteure connaît alors une véritable révolution féminine. Elle divorce de Willy en 1906, vit ses premières aventures homosexuelles jusqu’à ce qu’elle rencontre Henry de Jouvenel, politicien et journaliste, avec qui elle aura son unique enfant. Mais comme il la trompe, Colette se venge en nouant une liaison avec le fils de ce dernier, Bertrand de Jouvenel, 17 ans, réalisant ainsi le fantasme qu’elle s’était imaginée en écrivant le très controversé Chéri. Divorcée, libérée et en marge avec son époque, Colette chemine dans sa vocation d’écrivaine avant-gardiste en adaptant sur scène certaines de ses œuvres. Dès 1921, avec Léopold Marchand, figure montante du théâtre français de l’entre deux-guerres, ils adaptent Chéri et La Vagabonde.
Mondaine à la réputation sulfureuse, Colette est très amie avec Maurice Ravel, la reine Elisabeth de Belgique ou encore Marguerite Moreno et séjourne très souvent sur la Côte d’Azur. Pendant l’occupation allemande, elle part quelques mois chez sa fille en Corrèze, avant de regagner Paris avec Maurice Goudeket, son troisième mari. Souffrant d’une arthrite de la hanche, elle est immobilisée dans sa « solitude de hauteur » mais continue d’écrire à partir des fenêtres. Après Judith Gautier en 1910, Colette est la deuxième femme élue membre de l’Académie Goncourt en 1945, et en devient même la présidente en 1949.
Colette meurt le 3 août 1954. En dépit de son éducation athée et son refus d’un enterrement religieux, elle est la première femme à laquelle la République ait accordé des obsèques nationales. Ses œuvres font aujourd’hui encore l’objet de multiples études sur le genre féminin.