L'Empêchée

Léonie est une femme en colère. Mystérieusement hospitalisée, elle se retrouve clouée dans un lit au matelas trop mou. Alcoolique invétérée, elle est habituée au Black & White – et allergique à la vodka qu’on a, elle en est sûre, sournoisement ajoutée à sa perfusion. Pour couronner le tout, elle est entourée d’incapables ! Exemple : son fils Léonard, parti faire les courses et qui, elle le jurerait, est encore en train de pister une des lorettes qui traînent dans la cité.

Ce récit est écrit avec la voix d’une femme qui sombre dans la démence. Son monologue intérieur est nourri d’obsessions ressassées en boucle. Les médecins (elle en est convaincue) s’en donnent à cœur joie dans le box des infirmières au lieu de faire leurs visites. Renata, une jeune aide-soignante à qui elle avait confié la mission de descendre à la supérette pour la ravitailler en Black & White, l’a visiblement lâchée.

Aura-t-elle plus de chance avec l’inconnu qui s’introduit par erreur dans sa chambre ? Ce vieux cœur sensible, bien qu’ennuyeux à mourir lorsqu’il raconte, non sans incohérence, une histoire d’amour qui finit tragiquement, a cependant des attraits inespérés : une flasque de cognac, qu’il partage libéralement avec Léonie. Sera-t-il son sauveur ?...

Pimenté d’ironie cinglante, ce déluge d’invectives d’une radieuse crudité stigmatise à la fois l’enfermement dans la démence et le secours d’une échappée libre dans un univers fantasmatique