Faire un roman réaliste : quelles sont les limites ?

Le réalisme n’est pas simplement un style d’écriture, il est surtout un mouvement littéraire du XIX^ème siècle dont Balzac et Maupassant sont des grands représentants. Ces écrivains réalistes se donnent pour mission de peindre le réel sans l’idéaliser. Mais jusqu’où pousser le réalisme sans ennuyer le lecteur ni le choquer ?

Pourquoi choisir le réalisme ?
Le réalisme conduit à une technique très particulière d’écriture qui demande beaucoup de précision. Si vous choisissez d’écrire de façon réaliste, vous allez devoir présenter vos personnages, les lieux de l’action et toutes les situations dans les moindres détails. Le but est d’approcher au plus près la réalité. Il ne s’agit pas simplement de décrire tout ce que l’on voit mais de faire comprendre au lecteur pourquoi ce que l’on voit a de l’importance. Par exemple, si vous écrivez simplement qu’une maison est sinistre, le lecteur ne se fera pas une représentation de cette maison : vous devez utiliser des détails, expliquer que le parquet grince ou que les murs sont tachés par exemple.

L’un des avantages principaux de cette manière d’écrire est que vous n’avez pas besoin d’avoir de l’imagination ! Vous devez être le plus proche possible de sentiments et de situations réels. Cela conduit le lecteur à s’attacher d’autant plus rapidement aux personnages qu’il se reconnaît en eux. Les situations se doivent d’être vraisemblables, tout comme les sentiments éprouvés. En tant qu’écrivain réaliste, vous n’êtes qu’un peintre qui décrit ce qu’il voit autour de lui, vous devez être objectif et chercher à effacer toute trace de ses sentiments personnels.

Comment ne pas ennuyer le lecteur ?
Cette avalanche de détails peut cependant finir par ennuyer votre lecteur, qui trouvera que l’intrigue souffre de ce trop-plein de réalisme. Les descriptions minutieuses que vous écrirez doivent servir le roman et non pas le rendre impossible à lire.

Pour écrire un roman réaliste, le plus simple est de partir de ce que vous connaissez. Ne choisissez pas une époque que vous maîtrisez mal ou un lieu que vous n’avez vu qu’en photo. Toute erreur qui vous éloignera de la réalité sera fatale car la promesse ne sera plus tenue. Lorsque vous vous promenez, n’hésitez pas à noter tous les détails qui vous inspirent comme le nom d’une boulangerie ou la tenue d’un passant. Créez-vous des listes de détails dans lesquelles vous pourrez piocher à votre guise une fois l’écriture de votre roman commencée.

Enfin, la précision que vous appliquez aux détails de vos descriptions doit également être de mise dans la recherche des mots justes. Votre roman ne doit pas être simplement construit autour des descriptions : tout doit sonner parfaitement, qu’il s’agisse de vos dialogues ou des réactions de vos personnages. Le réalisme ce n’est pas seulement faire de longues et ennuyeuses descriptions, c’est surtout approcher au plus près la sensibilité humaine pour la comprendre et la dévoiler au lecteur.

Les pièges à éviter 
Tout d’abord, ne pensez pas que le fait d’écrire un roman réaliste rende le moindre événement intéressant. Votre roman doit s’articuler autour d’une intrigue et tout ce que vous décrirez doit donc avoir une raison d’être dans cet ensemble logique. De même, ne décrivez pas plusieurs fois la même scène : cette redondance ne peut être justifiée que si elle s’applique au roman. Décrire de façon répétée le rituel matinal d’un homme dont la vie est passablement monotone conduit à un procédé comique.

Si vous choisissez de jouer pleinement la carte du réalisme et de décrire des personnes de votre entourage, prenez garde à bien les informer de vos intentions, ou bien à modifier leurs noms et prénoms.

Par définition, tout écrivain réaliste est prêt à aborder tous les sujets, y compris ceux qui relèvent du laid ou du vulgaire. Mais ce réalisme débordant peut être dérangeant, par exemple si vous vous appliquez à décrire dans les moindres détails une scène de torture. N’oubliez pas que vous écrivez pour des lecteurs, qui seront peut-être choqués par des scènes trop crues. Le réalisme ne signifie pas que l’on doive décrire toutes les scènes, et choisir d’en éluder une ne vous sera jamais reproché. Au contraire,choisir sciemment de présenter une scène aux yeux du lecteur pour le choquer ou créer le spectacle sera perçu comme une faute.

Et vous, appréciez-vous les romans réalistes ? Trouvez-vous qu’écrire de façon réaliste est un exercice difficile ?