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Flora
Mort et visibilité : ces écrivains révélés après leur décès
Tous les hommes et les femmes de lettres n’ont pas accédé à la notoriété de leur vivant. Certains, disparus trop jeunes, n’ont jamais pris conscience de leur célébrité pendant que d’autres ont reçu des prix littéraires après leur disparition.
Anne Frank, écrivain malgré elle
Fillette juive contrainte de se cacher avec toute sa famille dans un grenier d’Amsterdam, de 1942 à 1944, Anne Frank nous livre un témoignage poignant de son existence recluse dans son Journal. Avant la déportation macabre de tous les siens dans les camps polonais, la jeune fille assignait, chaque jour, dans celui-ci, toutes les anecdotes de sa vie à l’annexe. De ses premières amours, aux conflits avec sa mère, en passant par les peurs incessantes liées à l’angoisse d’être découverts par les nazis, toute son existence de jeune réfugiée est relatée.
Le lecteur est étonné par la maturité de cette toute jeune fille de 13 ans qui porte un regard particulièrement mûr sur la situation de sa famille, et sur la tragédie qui les entoure. Son journal, qu’elle baptise « Kitty » nous révèle tous ses états d’âme d’adolescente et s’impose comme une œuvre majeure . Il est ensuite récupéré par Miep Gies, propriétaire de l’annexe, peu après l’arrestation des Frank par la Gestapo. Celle-ci le remet alors à Otto, le père d’Anne, qui le fait publier en 1947, réalisant ainsi le rêve de sa fille qui souhaitait devenir écrivain.
Irène Nemirovsky, romancière couronnée d’un prix posthume
Née en 1903 et décédée en 1942 à Auschwitz, cette auteure russe et ukrainienne, reçoit le prix Renaudot en 2004, pour son ouvrage Suite française. Etudiante en lettres à la Sorbonne, elle commence à écrire dès l’âge de 18 ans, mais n’atteint cependant la consécration que lors de la publication de son 2ème roman, le sulfureux David Golder qui relate l’existence douloureuse d’un homme malade et sans le sou, prêt à tout pour reconquérir son statut social.
Suite française, série de cinq romans dans laquelle Irène Nemirovsky dépeint le quotidien d’une famille française en 1940, détient une part largement autobiographique. Cet ouvrage raconte l’exode d’un groupe de Français, résolu à fuir Paris pour se rendre dans le sud. Leurs difficultés existentielles sous l’Occupation allemande, le pouvoir détenu et abusif de l’envahisseur germanique, tout est passé au crible dans cette œuvre savante, retrouvée par la fille de l’auteure elle-même, après la déportation de sa mère à Auschwitz en 1942.
Raymond Radiguet, poète disparu trop tôt
Né en 1903 et mort en 1923, Raymond Radiguet s’illustre comme un talent très précoce, faisant paraître deux romans qui connaissent un franc succès : Le Diable au corps et Le Bal du comte d’Orgel. Grand autodidacte, il dévore tour à tour les romans de Stendhal, de Proust, de Mme de la Fayette, de Rimbaud, et de Mallarmé. Abandonnant les études très tôt, à l’âge de 15 ans, il embrasse alors une carrière journalistique, qui lui permet de rencontrer Jean Cocteau, en 1918.
Celui-ci l’influencera de manière radicale au point qu’ils fondent, en 1920, une revue commune intitulée Le Coq, à consonance avant-gardiste et fantaisiste forte tandis que la rumeur laisse entendre qu’ils entretiennent une relation passionnelle, orageuse, intense. Le Bal du comte d’Orgel, le deuxième roman de Radiguet, publié en 1924, à titre posthume par Bernard Grasset, aborde aussi la thématique de l’amour entre un jeune aristocrate, qui n’est autre qu’une figure de Radiguet lui-même, et un couple à la mode. Le jeune homme meurt, foudroyé par une fièvre typhoïde, alors qu’il est âgé d’à peine 20 ans.
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