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AA Victoria
Les mères au centre des récits
Les relations familiales sont l’intrigue de nombreux romans. Elles peuvent être simples, ou compliquées. Découvrez grâce à cet article des auteurs pour qui la figure maternelle a été une grande source d’inspiration.
Les écrivains ayant eu une mauvaise relation avec leur mère …
En premier lieu, on pense évidemment à Hervé Bazin qui fut marqué dès sa plus tendre enfance par une relation de haine qu’il entretenait avec sa mère. À son retour d’un voyage en Indochine de plusieurs mois, le premier geste de la mère de l’écrivain pour lui fut une gifle monumentale. Cet acte signe ce qui sera pour Hervé Bazin un dégoût de sa mère et de tout ce qui ressemble à une famille traditionnelle. En décrivant Folcoche, la mère diabolique de Vipère au poing, Hervé Bazin décrit évidemment cette mère qu’il a tant haï. Et toute son œuvre sera un moyen de régler ses comptes avec la sphère familiale, qu’il considère comme néfaste et destructrice pour l’individu.
Mais les hommes ne sont pas les seuls à détester leur mère. Violette Leduc en est la preuve. Son premier roman, L’Asphyxie, publié en 1946 commence ainsi : « Ma mère ne m’a jamais donné la main. ». Dans ce roman, l’auteur relate les souvenirs traumatisants de son enfance, et en tient sa mère pour responsable. Mais c’est dans La Bâtarde qu’elle fait ressortir toute sa haine pour cette mère froide et culpabilisante qui a toujours détesté sa fille pour la simple raison qu’elle est naît d’une union illégitime. Ce roman autobiographique est bouleversant car il nous livre les sentiments les plus contradictoires envers une mère à la fois détestée et aimée.
… et ceux qui en ont eu une bonne
Charles Baudelaire aime passionnément sa mère, Caroline Aupick. Éloignés pendant plusieurs années, le poète est heureux de redevenir vers la fin de sa vie un « tout petit enfant » dont elle doit s’occuper. En effet, en 1866, Baudelaire est victime d’une attaque cérébrale qui le laisse paralysé. Sa mère s’occupe alors de lui avant de l’installer dans une maison de santé où il meurt en 1867. Deux poèmes des Fleurs du mal sont une référence directe à sa relation avec sa mère : « Je n’ai pas oublié, voisine de la ville » dans lequel est dépeint l’atmosphère d’une petite maison de campagne où ils ont vécu ensemble à la mort du père de Baudelaire, et « La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ». De même, l’essai autobiographique Morale du joujou évoque en grande partie la mère du poète. Mais c’est surtout une lettre bouleversante de Baudelaire à sa mère qui montre tout l’amour qu’il avait pour elle.
La relation entre Marcel Proust et sa mère, Jeanne Weil, était fusionnelle, et parfois même envahissante. Avec son père, l’écrivain n’avait quasiment aucun lien, il le considérait simplement comme un obstacle à la relation qu’il tissait avec sa mère. Dans Du côté de chez Swann, Proust décrit la relation profonde qui lit le narrateur à sa mère. Le narrateur, enfant, ne pouvait s’endormir sans le rituel du soir, un baiser de sa mère avant de se coucher. Lorsque son père empêchait ce moment de tendresse, l’enfant ne pouvait dormir de la nuit. Il semble que cette anecdote fasse partie de l’enfance de l’auteur. Jeanne Weil meurt en 1905 et Proust mettra des années à se remettre de ce drame. Il commence l’écriture d’A la recherche du temps perdu en 1913 et ce travail lui sert de thérapie.
Et vous, connaissez-vous des écrivains qui ont été influencés par leur relation avec leur mère pour écrire leur ouvrage ? Est-ce un sujet qui vous intéresse ?