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Éditions Edilivre
Rencontre avec Monique Ladesou, auteur de l’ouvrage « Octavie »
Présentez-nous votre ouvrage
C’est l’histoire d’une femme, une lilloise au 19ème siècle. Elle est ouvrière et mère célibataire. Elle a 3 filles, 16 ans séparent l’aînée de la plus jeune. Leur père Gustave n’épousera pas Octavie, mais ne sera pas totalement absent. La condition ouvrière est très dure dans ce siècle, Octavie doit se débrouiller avec peu. Elle affrontera comme beaucoup de ses contemporaines, les grossesses non voulues, l’avortement… Mais c’est aussi une femme amoureuse, ses choix ne sont pas forcément les plus judicieux mais elle ne les regrettera pas.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Octavie est mon arrière grand-mère et les anecdotes qui forment le récit, je les tiens de la petite fille d’Octavie, la narratrice du roman, ma mère. C’est à sa mort en 2016 et à la lecture d’un journal qu’elle avait tenu, que la vie d’Octavie s’est rappelée à ma mémoire, avec une interrogation : la situation de mère célibataire ne semble jamais avoir été un problème pour elle, ni pour ses 3 filles. En tout cas, dans le récit familial il n’y a aucune trace d’une stigmatisation quelconque des filles ou de leur mère. Pourtant le statut de « fille mère » était bien synonyme de déshonneur, source de souffrance et souvent d’exclusion sociale, nous a-t-on enseigné. Le monde ouvrier était-il finalement plus tolérant ou s’asseyait-il sur les codes moraux de l’époque ?
À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
A tous, jeunes ou adultes, hommes et femmes, curieux de comprendre ou découvrir la vie du monde ouvrier au 19è siècle. Dans une ville, Lille, qui se transforme et s’agrandit au rythme de l’industrialisation, qui lutte contre l’immense pauvreté des classes populaires. Mais aussi un monde d’espoir et de confiance dans l’avenir qui promet d’apporter plus de justice avec l’école obligatoire et laïque …
Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Je n’ai pas voulu transmettre de message mais plutôt montrer ce qu’était la vie des femmes au 19è siècle, leur conditionnement social et leur enfermement dans un rôle de bonne mère. Montrer à la fois l’immense progrès pour les femmes d’aujourd’hui que représente le droit de choisir sa sexualité, de mettre au monde des enfants ou pas, mais aussi le chemin qui reste à faire, pour accéder à une véritable égalité entre hommes et femmes. En tout cas, je n’ai certainement pas voulu faire l’éloge de la femme au foyer.
Où puisez-vous votre inspiration ?
D’abord dans le récit familial. Ce que j’en avais retenu c’était son côté romanesque. Une grande pauvreté mais une pauvreté d’histoires qu’on raconte aux enfants et qui les font rêver. Ce que j’aimais le plus, certainement c’était cette petite fille qui, pour aller trouver son père, bravait tous les dangers, c’était l’aventure. L’histoire d’Octavie sortait de notre ordinaire. Ensuite pour lui donner chair, j’ai puisé dans les écrits historiques, en particulier « l’histoire des femmes en occident au 19ème siècle » de Michelle Perrot et Geneviève Fraisse.
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Peut-être aucun. Ou des nouvelles.
Un dernier mot pour les lecteurs ?
J’espère qu’Octavie leur donnera un peu de plaisir de lecture. Je pense aussi qu’on peut partir de mon récit pour discuter et débattre de questions de société qui nous préoccupent aujourd’hui encore : la condition féminine bien sûr mais aussi la laïcité, ce qui fait qu’on se projette toujours dans un avenir meilleur …