Posté par
Éditions Edilivre
Rencontre avec Martine Biard
Quel a été le chemin jusqu’à votre premier livre ?
Il a fallu que j’atteigne l’âge de 45 ans et que j’aie un cancer pour que je me décide à publier ! Quand ceux qui connaissaient mes écrits me posaient la question de la publication, je ne voulais pas en entendre parler.
Qu’est-ce qui déclenche l’écriture ? Ecrire est-ce une contrainte ?
C’est un état de perméabilité pour les poèmes, un sujet d’intérêt pour
l’Histoire, l’envie de trouver une clé quand j’écris un roman. En ce qui me concerne, l’acte d’écrire n’est pas une contrainte. En revanche, écrire un livre nécessite une discipline personnelle, qui est une exigence intrinsèque dont il ne faut pas sortir. Car si l’on commence à prendre du recul par rapport à ce travail, tout le temps qu’il demande peut paraître gratuit, vain, inutile, et donner de bonnes raisons de tout abandonner.
Quel est le mot le plus important pour vous ?
Peut-être bien, justement : l’exigence.
Bâtissez- vous vos livres avec une architecture pré-établie ?
C’est plutôt un réseau hydrographique, un paysage plus qu’une architecture qui m’enferme. Je « construis », si vous voulez, avec un titre quand il s’agit d’un roman ou d’une recherche historique . Le titre est alors la source d’où tout se déploie. En revanche, pour les poèmes, c’est en mettant la tête hors de l’eau, en donnant conscience à tout ce qu’il y a autour, que je trouve le titre.
Ouvrez-nous un peu votre « fabrique d’écritures » ?
Dans mon cas, il y faut un patio, un jardin ou une terrasse pour être en lien avec le monde, le cosmos, la nature. Et quand j’y rentre, une immense bibliothèque en occupe tous les étages ; l’ordinateur a remplacé la machine à écrire.
L’écrivain peut-il rendre le monde meilleur ?
Serait-il dans son rôle ? Le monde n’est-il pas toujours meilleur que nous ne le croyons ? L’écrivain, comme tout le monde, devrait d’abord essayer de se rendre meilleur récepteur.
Pourrait-on dire que l’enfance est l’élément fondateur de votre écriture ?
C’est le gisement. A partir de son enfance, on s’instruit, on s’enrichit, on
crée, on s’enthousiasme ou bien on trouve motif à râler ou à se plaindre jusqu’à la fin de ses jours.
Qu’est-ce qu’un écrivain selon vous ?
Un écrivain, selon moi, ressemble à Bobin, à Teisson qui sont bien quand ils ne sont pas là où l’on croit qu’ils sont. L’écrivain authentique, pour moi, c’est celui qui voit l’en-deçà et l’au-delà. A t-il le devoir de toujours en faire le rapport ? Quand est-il nécessaire d’écrire ?
Vous êtes vous immergée très jeune dans la lecture et l’écriture ?
Dès la petite enfance. C’était le laisser-passer existentiel dans ma famille et mon milieu. Lecture, écriture, art, partout, tout le temps, comme de véritables outils de communications et de questionnements entre nous, sans quoi j’aurais été traitée avec des égards.
Quelles sont vos relations avec le temps ?
Quand j’écris, je cherche, je crée, je prie, je me soustrais au temps, j’installe les conditions d’un présent d’éternité. Quand j’en sors, je déteste perdre mon temps. Le temps est précieux, j’essaie de l’occuper au mieux pour l’aventure de la vie et en bonne compagnie.
Avez-vous des projets littéraires en vue ?
Oui, j’ai quatre publications en cours dont une bilingue, une en histoire, une autre en poésie. Pour finir, du travail pour des émissions radio et des conférences à venir.
Avez-vous un proverbe préféré ?
Ne reporte pas à demain ce que tu peux faire le jour même !