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Flora
La Fnac va-t-elle mourir ?
Suite à l’annonce de l’introduction de la Fnac en bourse, son avenir est fortement remis en question. La future indépendance de l’enseigne annonce-t-elle la fin de cette référence française culturelle ?
La Fnac, un rayonnement européen
La Fnac, dont le nom d’origine est « Fédération Nationale d’Achats des Cadres », a été fondée en 1954 par Max Théret et André Essel. Au départ, seulement des produits de photographique et des appareils ménagers étaient disponibles puis l’enseigne a élargi son offre en proposant des biens culturels. C’est en 1994 que la société est cédée au groupe français PPR (Pinault, Printemps, la Redoute), dirigé par le milliardaire François Pinault.
La chaîne de magasins devient rapidement l’une des principales enseignes en matière de distribution de produits culturels et de loisirs dans différents pays européens tels que l’Italie, la Belgique, l’Espagne, la Grèce et surtout la France. Avec un chiffre d’affaires de 4,16 milliards d’euros en 2011, la Fnac emploie 18 600 salariés à travers le monde dont plus de 12 000 personnes en France. La marque possède 88 magasins dans 56 villes de France et 75 points de ventes à l’international.
Le géant culturel mis à mal face à la dématérialisation de son marché
Cette chaîne, élue préférée des français en 2008, rencontre de plus en plus de difficultés notamment financières chaque année. L’apparition et la forte multiplication des sites de téléchargement qui offrent la possibilité aux internautes de télécharger légalement et illégalement des films, des séries et de la musique est en l’une des principales causes. En 2009, la vente de CD baissa de 20 % et en 2011 ses ventes globales chutèrent de 3,2 %. Malgré le succès de son site de e-commerce en ligne, l’enseigne n’arrive plus à rentabiliser les surfaces de ses magasins. N’ayant toujours pas trouvé d’acheteur, le 9 octobre dernier, le groupe PPR a annoncé officiellement l’introduction en bourse de l’enseigne. Cette annonce remet fortement en doute les moyens et la capacité de la Fnac à se relever de ses difficultés. De plus, cette décision de la part du groupe PPR apparaît en toute logique car le groupe procède actuellement à une sortie de ses activités issues du secteur de la distribution. Le désengagement du groupe sur ce secteur a débuté dès 2006 lors de la vente de la chaîne des grands magasins Printemps. Cette sortie a été poursuivie avec la cession de Conforma, détaillant de mobilier et objet de décoration, en 2011. L’objectif du groupe PPR est de se recentrer sur ses marchés à plus haute valeur ajoutée et bien plus rentables, particulièrement le luxe. D’autre part, la FNAC souffre plus particulièrement de l’assaut d’Amazon, géant américain du commerce en ligne, qui propose un large choix de biens culturels et tout cela « en un clic ».
La fin du partenariat avec le festival de BD d’Angoulême
La fin de certains partenariats, tels que le renoncement au financement du 40ème Festival de la bande dessinée d’Angoulême, montre bien une perte de vitesse. L’enseigne de biens culturels était le principal soutien financier de l’événement. Sipa Franck Bondoux, organisateur de l’événement, a annoncé que le retrait de ce partenaire n’entraînerait pas de difficulté dans le déroulement du festival mais entraînerait tout de même un manque à gagner de 250 000 euros. La Fnac justifie cette décision en avançant des circonstances économiques mais également en certifiant vouloir se recentrer sur ses propres événements comme son Festival de bande-dessinée, le Prix de la BD FNAC, et le festival Fnac Live qui a lieu annuellement à Paris plage.
La Fnac a-t-elle surtout les moyens de se réinventer ?
Afin d’assurer sa survie, le PDG, Alexandre Bompart, a mis en place un plan de relance intitulé « Fnac 2015 ». Des mesures d’économies comme par exemple la suppression de 500 postes ont été décidées. De plus, l’enseigne procède à un repositionnement de son
concept. Elle a signé un accord avec SFR, opérateur français de télécommunication, afin d’élargir l’offre de téléphone proposée dans ses points de vente. Elle a également créé un univers dédié aux enfants et propose désormais un nouveau rayon : design et maison. En complément, un développement de ses points de ventes dans les gares, les aéroports et les centres-villes des villes moyennes a été entrepris. Actuellement, la Fnac réalise 13% de ses ventes sur Internet, via Fnac.com, et reste l’un des seuls sites marchands français rentables. De plus, l’enseigne bénéficie d’une image solide. Les vendeurs y sont perçus comme compétents et crédibles. Les magasins de la marque demeurent le lieu de rendez-vous des lecteurs passionnés ou des clients à l’affut des nouveautés technologiques. Un des principaux atouts de la Fnac reste avant tout sa qualité de service. Ces éléments peuvent laisser espérer à une éventuelle survie de l’enseigne. La Fnac possède donc de nombreux atouts pour rester dans le paysage culturel français. Mais seront-ils suffisants pour assurer sa survie et une place parmi les leaders de la distribution de biens culturels ?
Article écrit avec la participation de Camille