« Impossible n’est pas français », avait coutume de dire Napoléon quand on discutait ses plans. Pourtant, ce qu’il demande à Decrès, son ministre de la Marine et des Colonies, relève incontestablement du rêve : envoyer par mer une division, soit dix mille soldats, à Java, cette belle colonie qu’il a acquise en annexant la Hollande à l’Empire en 1810. Ignore-t-il que la flotte britannique domine toutes les mers du globe et que la marine française est exsangue après Aboukir et Trafalgar ?
Comme on ne désobéit pas à l’Empereur, le très roué amiral Decrès monte une expédition qui n’est qu’un leurre mais qui pourrait, à l’occasion, servir ses intérêts. Quand les rapports atteindront Paris, Napoléon, accaparé par l’organisation de la Grande Armée à l'assaut de la Russie, mit une sourdine à ses ambitions extrême-orientales.